Cultiver la vigne en biodynamie
Cyrille

La démarche
Présentation de la structure
Cyrille Copier est viticulteur à Die depuis 12 ans. Il fait partie d’un collectif appelé Côté Cairn, constitué de 3 exploitations qui produisent toutes en biodynamie. Ils pratiquent tous la biodynamie et commercialisent ensemble leur production.
A titre individuel, Cyrille possède 12 ha de vigne et 0.8 ha de noyers. Côté Cairn produit de la clairette, du crémant, du vin blanc et bientôt du vin rouge.
D’où vient ce projet ?
Cyrille a récupéré une exploitation viticole en agriculture biologique. Il y a 5 ans il a décidé de se lancer dans la biodynamie. Cela répondait à la fois à un besoin d’innover et à un idéal de production différent de la monoculture, courante en vigne.
Pourquoi c’est innovant ?
C’est l’approche globale qui est intéressante dans la biodynamie, sa vision d’ensemble pour éviter un problème plutôt que de le résoudre. C’est aussi le changement de posture vers plus d’observation, qui est innovant.
Comment ça fonctionne ?
La biodynamie repose sur 3 grands principes :
- Concevoir la ferme comme une entité autonome.
- Utiliser des “préparations biodynamiques” : préparations à base de plantes médicinales, de bouse de vache et de la silice qui agissent énergétiquement pour l’équilibre du domaine.
- Travailler avec les “rythmes cosmiques”, c’est-à-dire tenir compte des influences du Soleil, de la Lune, des planètes.
L’objectif est de ramener de la vitalité dans le sol et à la plante cultivée.
Ici, Cyrille met en place plusieurs choses :
- Engrais verts systématiques :
Les engrais verts ne sont jamais tondus, ils sont roulés grâce à un rouleau facca pour bénéficier de l’effet mulch sur la vigne. Les engrais verts sont implantés juste avant les vendanges en début d’automne. Un rang sur deux est détruit au printemps sur 5 cm avec des côtes de melon. Il laisse grainer ses engrais verts. L’hiver, le sol de la vigne est donc entièrement couvert par le semi de l’année et celui de l’année précédente.
- Compost préparé :
Entre 60 et 80 tonnes de fumier de vaches sont récupérés chez un éleveur de la vallée. Des préparations à base de plantes médicinales sont incorporées à ce compost. Il mature ensuite entre 6 à 12 mois. Il n’est pas retourné. Il est ensuite épandu en fonction des demandes des différentes parcelles. Le compost est incorporé au printemps.
- Bouse de corne : « préparation 500 »
Des cornes de vaches, remplies avec de la bouse de vaches, sont mises à maturer dans le sol pendant 6 mois (du solstice d’automne au solstice de printemps). La préparation obtenue est ensuite dynamisée puis épandue à une dose de 140g/ha. L’objectif de cette préparation est de représenter un modèle de décomposition pour le sol dans lequel elle est incorporée.
- Préparation de silice
Silice minérale : Des cristaux de quartz sont pilés finement puis enfouis dans des cornes de vaches. C’est la préparation 501.
Les préparations 500 et 5001 sont dynamisées pour être ensuite pulvérisées au sol ou sur le feuillage, à l’automne comme au printemps.
Silice végétale : La prèle contient naturellement de la silice. Celle-ci est extraite grâce à des décoctions.
Les bienfaits des plantes extraits par infusion ou décoction peuvent être ajoutée aux bouillies classiques de cuivre et de souffre utilisées pour traiter la vigne notamment contre les maladies fongiques.
La cueillette des plantes médicinales est faite sur la ferme et alentours : Achillée, ortie, reine des prés, prêle des champs, camomille, pissenlit, sariette….
- Plantation d’arbres fruitiers dans la vigne.
250 arbres fruitiers ont été plantés entre les rangs de vigne.
- Disposition des ruches près des vignes.
- Poulailler mobile dans les vignes qui suit le travail de saison
Aspects financiers
Cyrille est associé avec 2 autres exploitants donc cela permet de mutualiser du matériel.
Le dynamiseur coûte à peu près 2000 euros. Il a pu à l’époque bénéficier des aides de la région à l’achat de matériel en biodynamie.
Les intrants : bouses, cornes, silice, les extraites de végétaux sont tous récupérés et coutent donc beaucoup moins chères que des produits phytosanitaires « classiques ». Le temps de main d’œuvre mis à la récupération et à la transformation de ces éléments est largement compensé par les économies générées.
Points forts et difficultés
Les points forts :
L’autonomie
Le taux de matière organique qui a été considérablement augmenté
Le refuge pour toute la biodiversité du sol ou des alentours des vignes.
Les doses de cuivre et souffre appliquées sont réduites : L’année 2017 a été une année avec une forte pression de mildiou. Les viticulteurs bio de la vallée étaient à une moyenne de 3 kg de cuivre par hectare. Cyrille a lui épandu 800g de cuivre par hectare.
La qualité de son compost a permis de baisser les quantités incorporées tous les ans.
Les difficultés- les points de vigilance
Cela demande de repenser le modèle économique de l’exploitation.
L’observation de ses parcelles demande du temps
La diversification de productions demande des connaissances suffisantes dans chaque production.
Toutes ces pratiques demandent de l’équipement particulier (semoir à engrais vert, rouleau facca, chargeur compost).
Conseils de Cyrille
Cyrille conseille d’essayer d’abord sur une parcelle pour se rendre compte.
Ressources
Contacts :
MABD : Mouvement de l’agriculture biodynamique – Région Sud Rhône Alpes
Marion Haas & Stéphane Cozon
Cobonne
Tél. : 04 75 25 08 68, lafermedebaumerousse@gmail.com
Pour plus d’informations :
MABD
https://www.bio-dynamie.org/biodynamie/presentation/
Biodyvin , syndicat international des producteurs de vins en biodynamie